Le Sel de la vie, de Françoise Héritier, lu par Emilie Albert
mercredi 6 avril 2016
… j’ai oublié les fous rires, les coups de fil à bâtons rompus, les lettres manuscrites, les repas de famille (certains) ou entre amis, les bières au comptoir, les coups de rouge et les petits blancs, le café au soleil, la sieste à l’ombre, manger des huîtres en bord de mer ou des cerises sur l’arbre, les coups de gueule pour rire, l’entretien d’une collection (de pierres, de papillons, de boîtes, que sais-je ?), la béatitude des fraîches soirées d’automne, les couchers de soleil, être éveillé la nuit quand tout le monde dort, chercher à se remémorer les paroles des chansons d’autrefois, la recherche d’odeurs ou de saveurs, lire en paix son journal, feuilleter des albums de photos, jouer avec son chat, construire une maison de fantaisie, mettre un beau couvert, tirer négligemment sur une cigarette, tenir son journal, danser (ah ! danser !), sortir et faire la fête
… redouter sur son pantalon blanc une tache intempestive écarlate, l’éviter, et rentrer à temps chez soi, boire à la bouteille ou à la régalade, poser à l’envers une miche de pain et se souvenir des reproches ancestraux : « Ce n’est pas ainsi (i.e, sur le dos) qu’on le gagne », disposer des fruits dans une corbeille, être dans une voiture aux vitres teintées et ne pouvoir être vu de l’extérieur, déboucher une bouteille avec un cep de vigne et faire vibrer fortement le « clop » que fait le bouchon, ramasser des vers luisants, sentir à la sauvette dans la rue l’odeur d’eau de Cologne de sa grand-mère