La douceur du freinage, par Samuel Rouvillain

Regardez l’heure sur votre téléphone pour savoir l’horaire du bus puis ouvrez la grande porte vitrée. Vous serez dans un petit jardin et vous verrez courir au loin un beau berger australien. Ensuite, il faut ouvrir le portail principal. Vous êtes dans une grande allée en gravier d’environ 50 m. Prenez à droite jusqu’au trottoir. En face se trouve un grand bâtiment rempli d’appartements. Une fois devant tournez à droite sur 10 m. Traversez le passage piéton et continuez de marcher jusqu’à l’arrêt de bus. Patienter, ça va être long et pénible à cause du froid. C’est tout à fait normal puisque ce bus est toujours en retard et si jamais il est en avance ne vous méprenez pas, c’est juste celui d’avant qui est en retard. Entrez dans le bus. Pendant ce trajet de 15 / 20 min vous pourrez apercevoir : un pont avec ses long barreaux bleus, la Seine avec son l’écluse, des bâtiments, des voitures ou des bus ainsi que des aisselles. Évidemment, il y a beaucoup de monde dans le bus, vous serez donc collé aux autres passagers, il faudra faire de l’apnée (certains ne se lavent pas) tout en gardant l’équilibre car le chauffeur ne connaît pas la douceur du freinage et/ ou de l’accélération. Une fois devant Jacques Prévert sortez du bus, vous n’avez plus qu’à suivre la foule d’élèves qui vont au lycée. Environ 300m plus loin, vous verrez un feu rouge avec un passage piéton. Les bandes de ce dernier vont se superposer de manière à créer un escalier descendant. Une fois en bas, vous allez vous sentir très attiré mais surtout en paix, un sentiment d’apaisement vous traversera l’ensemble du corps, tout est super lumineux, vous marchez sur des nuages étincelants et moelleux, tous vos désirs, vos envies, vos caprices, vos rêves sont réalisables et à portée de main. Soudain, en jetant un œil sur votre téléphone vous voyez que la journée est finie alors que vous êtes là seulement depuis quelques minutes. Vous allez courir vers l’escalier. Une fois remonté, vous remarquez que vous êtes retourné chez vous, devant la grande porte vitrée et que l’heure sur votre téléphone s’est réinitialisée : c’est celle de l’heure de départ habituel du lycée. C’est à ce moment-là que vous vous rendez compte que vous allez refaire ça pour l’éternité et que vous n’arriverez jamais au lycée.