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La Ville est sous mes pas
vendredi 15 mars 2019, par
La Ville est sous mes pas est un "projet de site web d’écriture participative et de cartographie générative inspirée par le modèle du cadavre exquis".
Cécile Portier, dans le cadre de son œuvre Étant donnée, a invité des auteurs et autrices à écrire ensemble une déambulation fictive, qu’un programme de Julien Kirch a permis de reconstruire, différemment à chaque visite, avec des cartes d’Alain François, et une bande sonore de Thomas Guillaud-Bataille. Chaque fragment de texte se connecte à un autre à partir de mots prédéfinis qui permettent de les lier. La masse de fragments permet de connecter chaque texte à potentiellement plusieurs autres, pour qu’à chaque lecture la déambulation soit différente. Des fragments de carte apparaissent à côté du texte, générés sur un principe similaire.
Présentation de Pierre Ménard sur son site :
Écrire un moment de déambulation imaginaire dans une ville, écrit comme en « caméra subjective ». L’écriture de cette déambulation est libre, elle peut relever de toutes sortes d’annotations sur le paysage urbain, dans sa très grande diversité, elle s’attache aux éléments de « décor », à tout ce qui fait forme plus ou moins permanente, au flux de sensations dans lequel on est pris en marchant dans une ville, et aux interactions, événements, incidents, qui peuvent émailler cette déambulation. La seule contrainte repose dans l’obligation de commencer et de terminer ce fragment de récit par un mot-clé isolé, choisi dans une liste déterminée à l’avance comme un vocabulaire urbain minimal, celui de formes très fréquentes et repérables dans l’univers urbain, et qui jalonnent la rue, ou ce qui en tient lieu. Ces vocables prédéterminés (liste indicative ci-dessous encore à affiner) auraient une fonction de connecteurs des textes entre eux : Feu rouge – Passage piéton – Rond-point – Panneau stop – Radar – Caméra de surveillance – Lampadaire – Vitrine – Échangeur – Glissière de sécurité...
Le site Etant Donnée a aujourd’hui disparu, et avec lui la version originale de La Ville est sous mes pas. A la contrainte de simple déambulation connectée aléatoirement à des mots-clés identiques, il est possible d’ajouter celle d’un personnage "je" suivant "une" silhouette, indéterminée homme ou femme. Le groupe devra se mettre d’accord sur les connecteurs possibles, si cela ce passe entièrement de jour ou de nuit, et à quelques points de description et de liaison pour rendre le tout cohérent, prévoir plus de texte que nécessaire pour chaque mot-clé, prévoir les "cul-de-sac" quand le mot-clé "vitrine" a déjà donné lieu à l’affichage d’un texte, il faut que, s’il réapparait, il puisse être suivi d’un autre texte non-déjà affiché portant ce mot-clé.
Pour l’écriture on utilisera les outils du monologue intérieur : première personne, ressenti, subjectivité maximale, digressions, ... Tout en laissant indéfini le genre des deux personnages : "je" poursuis "la" silhouette, sans jamais ni vraiment commencer sa poursuite, ni bien sûr la terminer. Le caractère séparateur pour le flux de conscience est le saut de ligne, pour des raisons techniques : en effet, un autre caractère comme point-virgule rendrait visible par un saut de ligne le texte suivant. Avec un saut de ligne, il n’y a aucune différence entre un saut "intérieur" et un saut d’un passage à l’autre, au prix de quelques retouches des entrées et sorties de texte, on essaie d’obtenir un monologue fluide.
Une démonstration d’un texte généré par cette consigne est à lire ici, qui se concentre sur la marche, la poursuite, et moins sur les descriptions, digressions.
Quelques extraits de Mrs Dalloway de Virginia Woolf, La Nuit juste avant les forêt de BM Koktès et Une fuite un Egypte de Philippe de Jonckheere.
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Une fuite un Egypte
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La Nuit juste avant les forêts
qui vaut, si ce n’est à proprement parler un "monologue intérieur", pour les outils de langue qui l’en approche (flux mental, digression, oralité...)
Autres textes d’un corpus "monologue intérieur" :
- Le Bruit et la fureur, William Faulkner
- Quelqu’un, Robert Pinget
- Le Planétarium, Nathalie Sarraute
- Mademoiselle Else, Arthur Schnitzler
- Kaddish pour l’enfant qui ne naîtra pas, Imre Kertész
- Bref séjour chez les vivants, Marie Darrieussecq
- Les Lauriers sont coupés, Edouard Dujardin
- La Splendeur du Portugal, Antonio Lobo Antunes
- Mari et femme, Zeruya Shalev
- Les Vagues, Virginia Woolf
- L’image, Samuel Beckett