Seras-tu ?

Un passant passe, puis un autre,
Deux qui s’installent, profitant de ton abri à l’ombre de deux arbres et attendent
Une autre promenant simplement son chien.
Une voiture passe, puis une autre, puis deux autres,
Une femme dans sa petite voiture rouge se gare juste en face de toi, t’ignorant.
Rien d’inhabituel, c’est chaque jour le même défilé.
Et soudain te vient une question
Sont-ils au courant ? S’en soucient-ils seulement ?
On ne le dirait pas, ils vaquent à leurs occupations, ils continuent leurs vies l’air tranquille, comme s’ils ignoraient le grand changement qui s’annonce et sans apprécier ce qui bientôt disparaîtra, qui bientôt ne sera plus.

Mais toi tu en as conscience, tu l’as pressenti.
Toi, les pieds fermement ancrés dans le béton du sol.
Toi, présent depuis bientôt dix ans mais dont l’existence est désormais remise en question : seras-tu toujours là dans quatre ans ?
Quand bientôt viendra le moment de la démolition et que petit à petit tout changera.
Quand piétons, voitures et autobus cesseront de circuler : seras-tu conservé ?
Petit abribus, édicule du quotidien dont la présence te place en témoin direct, effacé, et muet des prémices de la déconstruction.
Lorsque tout est sur le point de basculer, quand vient le temps du changement et de la disparition, une question demeure.
Toi qui fus et toi qui es,
Seras-tu ?