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Livre trouvé dans les décombres

lundi 16 décembre 2019, par Chloé Di Nardo

Aujourd’hui, j’ai réussi à m’échapper de prison et je suis prêt à commencer une nouvelle vie en Sibérie. Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de chances d’échapper à mon passé, mais j’essaye chaque jour que Dieu fait. Je vis maintenant dans un bel appartement avec un gardien d’immeuble, je suis employé, j’ai une assurance auto et la voiture qui va avec.

Malheureusement, personne ne veut savoir ce qui m’est arrivé en prison. Les droits des prisonniers sont respectés dans ce pays, alors pourquoi voudrait-on savoir ? Il n’y a rien de palpitant à raconter à personne, du moins, c’est ce que l’État en dit. Mais je ne veux pas non plus vivre ma vie dans le silence.

Mon histoire a commencé il y a presque un an, juste avant mon dix-huitième anniversaire. Je n’ai jamais pris de drogues auparavant. Du moins, je ne voulais pas vraiment en prendre. Je n’en avais pas besoin. J’étais ce gamin, le gamin qui part pour des vacances parfaites avec son meilleur ami, qui ne veut pas se droguer, qui ne fume que du tabac gratuit, qui ne mange que des produits frais et qui n’est pas intéressé par les maladies qui accompagnent souvent une nouvelle dose de crack. Mais à mesure que je grandissais et devenais un adulte, je commençais à me poser des questions. J’ai commencé à penser qu’il pourrait être possible que je tombe un jour dans la drogue. Pour une raison quelconque, je ne voulais pas qu’on m’explique que j’étais un héroïnomane, pur et dur.

* * *

La toute première chose qui prouvait que j’étais un junkie, celle qui pouvait s’avérer cruciale lors d’un procès pour prouver mon addiction, était une petite boîte cachée dans ma garde-robe. Elle contenait un chiffon d’apparence très simple, le produit d’une manufacture douteuse, et une sorte de pochette qui servait d’habitude à ranger la crème à raser. Au fond de cette boîte, entre le chiffon et la pochette, il m’arrivait de cacher mes délits dans une vaine tentative d’enfouir ma culpabilité, mes peurs et ma honte.

Je ne savais pas comment parler à de ma situation à mes amis, de ces sentiments, ni comment obtenir de l’aide. Mes insécurités s’accrochaient à moi comme des fantômes, sentant que je ne pourrais jamais leur échapper sans finalement me perdre. J’avais donc choisi de faire le vide autour de moi, de n’avoir que le minimum d’interaction sociale nécessaire à ma survie. Ainsi, je limitais les chances d’être découvert et de déterrer mon sombre secret.

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