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- Les mœurs des habitants – (La récolte)

lundi 18 novembre 2019, par Ahmed Océane

Il y a maintenant une semaine que j’ai été renvoyé du siège social de Lidl où je travaillais depuis déjà dix ans. Après tout je les comprends, j’aurais sûrement fait pareil, je réalise finalement la tâche de seulement trois personnes, tandis que l’androïde qui m’a remplacé peut faire la tâche d’une dizaine de personnes.
Je reste donc à la maison pendant que Lucille travaille à la serre BIOniq’ 50h par semaine. Cette serre se situant à l’angle de la rue Manon et de la Venelle Garance, fait la fierté de la Valée, elle produit plus de 70 courges, 32 betteraves, 109 carottes et 56 tomates par jour ! Tous ces légumes sont bien entendu dépourvus de tout pesticide connu et de tout conservateur. De quoi nourrir tout le quartier et sûrement un tas d’autres quartiers comme le nôtre je suppose. Il ne me reste donc plus qu’à m’occuper des tâches domestiques. Ma première mission est de laver les vêtements, je me rends ainsi au bord du ruisseau « l’eau Baine », mitoyenne au parc des Sceaux. Toute utilisation de savon y est proscrite, j’utilise donc des copeaux de bois et du guano de pipistrelle que la ville fournit à ses habitants en échange de récolte de donnée génétique. Cette récolte génétique est organisée de façon mensuelle, tous les cinq du mois pour être précis. Personne n’y échappe. C’est une grande journée que l’on appelle entre nous la phlébotomie. Pour cela on se rend à l’hôpital de la ville, où nous sommes accueillis de façon très protocolaire presque à la chaine, prélèvement sanguin, test neurologique, radiologie complète, analyse urinaire, tout y passe, nous sommes choyés par madame le maire. Après avoir passé une batterie de tests se déroulant sur environ trois heures, nous sommes déclarés apte à poursuivre notre vie au sein de la communauté et on nous remercie avec un sac de guano et des copeaux de bois. Après dix ans de vie à La Valée, je ne sais toujours pas bien ce qu’il se passerait si jamais l’un de nous était déclaré D.V.C : défaillant à la vie de communauté. Richard mon voisin d’autrefois, l’avait été, et la mairie avait pris la décision de l’isoler de tous afin de le guérir. Personne ne sait ce qu’il est devenu, je ne l’ai jamais revu, j’ai fini par même l’oublier.
Quoi qu’il en soit, c’est sans aucun doute grâce à ces actions altruistes de la mairie qu’à la Valée nous respirons la santé. Jamais aucun de nous ne tombe malade ; la preuve, les pharmacies ont disparu du quartier. En plus de ces phlébotomies, la mairie impose des séances de vaccinations collectives afin de s’assurer que nous restions en bonne santé. C’est bien simple, à la Valée nous avons résolu la fameuse question du « trou de la sécu » que nous avons connu des décennies en arrière. La seule structure médicale que nous avons conservé est l’hôpital communal qui ressemble finalement plus à un centre de repos qu’à un hôpital. Les femmes y accouchent sans douleurs, les nouveaux nés viennent au monde sans complications et les personnes âgées y sont accueillis pour vivre leurs meilleurs jours. Nous nous hâtons tous d’y être invités après nos quatre-vingt-quinze ans.

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