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La solitude accompagnée

jeudi 27 septembre 2018, par Maria-Laura Sanchez-Cadenas

On atteint Carta de deux manières : par train ou à voiture. La ville se présente différemment selon qu’on y vient par rails souterrains ou par voie bitumée.

Le voyageur du train qui a des aperçus intermittents des grands bâtiments, des arbres alignés, des tunnels obscurs et des quais artificiels et fermés, il sait qu’il se rapproche à une ville mais il y pense comme à des grandes esplanades vertes, baignées du soleil imposant du matin, orchestrées par les sons divers et paisibles des oiseaux qui se perdent dans le haut des arbres, il pense à tous les gens qui choisissent leurs heures de départ, qui prennent leur temps, aux conducteurs des voitures qui se plaignent du soleil, et qui parlent avec eux mêmes pour se faire de la compagnie, au bruit monotone de la route, individuellement pleine, et seule.

Au bord des longues perspectives des routes, le conducteur distingue une rafale de couleurs, une tâche qui part et repart à toute vitesse, il sait qu’il s’agit d’une ville mais il y pense comme un train, au bord duquel il serait libre du volant, il regarderait ailleurs, il se perdrait dans ses pensées, où tout se passerait en face de lui, comme une projection, et déjà il se voit entouré du monde, des voyageurs allant dans des destinations exotiques, des hommes habillés en drôles de coutumes foncés, longs, lises, et des femmes portant les couleurs des saisons : ocre, bleu, bordeaux, elles font briller l’ensemble gris, et il les entend déjà tous, intrigants inconnus, lui parler de leur aventures souterraines, de la découverte du béton et des lumières de néon, il apprendrait à voir le soleil à clins d’œil et seul uniquement.

Toute ville reçoit sa forme de la route à laquelle elle s’oppose ; et c’est ainsi que le voyageur de train et le conducteur voient Carta, la ville des passages entre deux voies.

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