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Soledad

samedi 12 janvier 2019, par Laurence Coffe

Arrivé de nuit après l’harassante traversée du désert, je me laissais glisser le long des avenues richement éclairées qui ondulaient, paresseuses, au pied des tours de verre et d’acier. La faim me tiraillait aussi je me mis en quête d’un emplacement pour garer mon véhicule. Pourtant, après maintes recherches, je m’aperçus que je tournais en rond. Quelle que soit l’option choisie, je finissais toujours sur une esplanade démesurée, occupée en son centre par un imposant totem lumineux sur lequel défilait des images de tous les plaisirs que Soledad était fière d’offrir à ses visiteurs.

Je réalisai bientôt que, depuis que j’avais franchi les portes de la ville, je n’avais croisé âme qui vive. Tout empli des lumières et de l’opulence des perspectives, mon regard ne s’était pas étonné de cette singularité. Je refis pour me convaincre l’expérience de tourner à gauche, puis à droite, empruntant les riches artères aux enseignes luisantes. La chaussée elle-même semblait parsemée de gemmes qui, pris dans le rai des phares, scintillaient et semblaient m’inviter à poursuivre mon exploration. Et invariablement, l’immense place se découvrait à nouveau à mon regard sans que jamais je ne rencontre un homme ou même un chien, pas plus qu’un emplacement qui me sembla propice à y laisser mon véhicule.

Le malaise m’envahissait ; l’étrangeté de la situation me faisait douter de mes sens. Aussi je continuai à rouler. Les fontaines illuminées succédaient aux jardins luxuriants. Sous le ciel étoilé comme nulle part ailleurs, les palmiers ondulaient dans un frou-frou parfumé. Mais partout une solitude enjôleuse répondait à ma quête. J’en vins à regretter le désert et sa sobriété, sa solitude honnête. La ville aux milles lumières ne rivalisait plus avec le ciel étoilé qui s’offrait sans fard au dessus des dunes.

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