Nos cabanes

On peut avoir tout aussi peur, aujourd’hui, de trouver du travail que de ne pas en trouver.

Pour [les étudiants] la question n’est décidément plus de prendre sa place, de se faire une place coûte que coûte, mais de révéler et de combattre, tant qu’ils l’éprouvent, la violence d’un monde de places occupées et de places refusées.

Faire des cabanes en tous genres — inventer, jardiner les possibles ; sans craindre d’appeler “cabanes” des huttes de phrases, de papier, de pensée, d’amitié, des nouvelles façons de représenter l’espace, le temps, l’action, les liens, les pratiques. Faire des cabanes pour occuper autrement le terrain ; c’est-à-dire toujours, aujourd’hui, se mettre à plusieurs.

Marielle Macé, Nos cabanes. Verdier, 2019


La cabane, l’abri, peut aussi représenter, ou signifier, une peur, ou une situation de refuge. C’est aussi un lieu d’enfance, d’invention, de liberté. On ne construit plus de cabanes, passé un certain âge. Branches posées les unes contre les autres dans la forêt, dans un jardin. Sauf si l’on a besoin de se mettre à l’abri parce qu’on n’a pas d’autre toit. Et sauf en imagination, en métaphore dans l’espace libre de l’invention pour penser un monde où il n’y a plus de places refusées, de rejets.