Je voudrais une ville

1.
je voudrais une ville (forêt) clairières comprises
je voudrais une ville (arbre) comme en mouvement
je voudrais une ville (écorce) dressée en dedans
je voudrais une ville (racines) tendue et souple
je voudrais une ville comme les temps

2.
je voudrais une ville (feu) une ville (cent)
je voudrais une ville (toile) une ville (voile)
je voudrais une ville (étendue) ville (perdue)
je voudrais une ville (abri) une ville (de plis)
je voudrais une ville comme on oublie

3.
je voudrais (une ville trésor palissades dressées) (ville interdite) (homme adossé)
je voudrais (une ville iris rose tulipe parterre jeté) (une ville d’acier)

on barrière / on ligne blanche / on palissade / on planche
on interdit / on défense / on sauf / on poursuit / on antre

4.
je voudrais (une ville mots) je voudrais une ville (cris)
je voudrais (une ville ombres) je voudrais (une ville pieuvre)
je voudrais (une ville taire) je voudrais (une ville œuvre)
je voudrais (une ville mer) (un monde à refaire)
je voudrais (un horizon) on ne fait que le défaire


Emmanuel Delabranche est architecte et écrivain.

Je voudrais une ville est un texte qu’il a écrit en 2013 dans le cadre d’une soirée de pecha kucha consacrée au terrain de je/u.

Le pecha kucha, venu du Japon, est un exercice formel très contraint. On présente (ou lit) à l’oral un texte pendant que sont projetées 20 diapositives qui se succèdent toutes les 20 secondes. La présentation dure 6 minutes et 40 secondes.

Ville rêvée, utopique, émotive, source de pensées et d’émotions. Un lieu qui nous parle, qui nous relie, nous correspond. Chercher cette ville par essais, tentatives, répétitions, parenthèses, brisures, déformations.