Longtemps on a été tolérant face à l’intolérance

Longtemps, on a été tolérant. Les files d’attente, les papiers, les sourires figés. On attend, on avance, on recule. On a appris à attendre, à comprendre que les choses prennent du temps. Un papier manque, un coup de tampon puis rien. Toujours les mêmes questions, les mêmes visages fatigués. Parfois des regards méprisants, des remarques qui giflent, qui blessent encore et encore. « Pourquoi vous êtes là ? Vous ne parlez pas bien français. ». On se tait, on baisse la tête, on avance. Files d’attente, bruit, silence, discussions, angoisse, doute, tout est au rendez-vous…

Les guichets claquent, les portes se ferment, les espoirs s’effritent. Les papiers s’envolent, se perdent. On court d’un bureau à un autre, d’un lieu à un autre, sans fin. On promet des réformes mais tout reste figé. Les mots blessent parfois plus que les silences. « C’est compliqué, votre dossier… » dit-on, comme si tout est compliqué. Certes, c’est peut-être compliqué mais pas plus compliqué que le fait de ressentir sans cesse qu’on est pas chez soi. Pas plus compliqué que le fait de ressentir qu’on dérange.

Et pourtant, ils continuent, résistent, persistent. On trouvera une issue. Un jour, peut-être, entre deux remarques, entre deux regards, il y a un peu d’espoir.
Et malgré tout, ils avancent, car même fragile, l’espoir reste la plus solide des fondations. Longtemps, on a été tolérant.


Alao DIAGNE