Antennes branchées
Longtemps, on a accepté l’absence de connexion. Les antennes de communication à destination des téléphones de poche et à détection automatique ne fonctionnent plus. Il faut passer au câble. Tenir les usagers pour être certain de les toucher. Cela peut paraître encombrant, mais c’est la solution. Tout d’abord, en sortant de leur immeuble, les usagers se branchent au premier lampadaire-récepteur venu. De là, le câble se déroule jusqu’à un maximum de deux kilomètres. C’est suffisant pour rejoindre la prochaine station de métro. Si quelqu’un refuse de se brancher par peur de l’accident, de la chute ou de l’étranglement, la Loi peut l’y obliger. Si cette personne insiste et se débranche au prochain carrefour, on y met un cadenas. Dans le métro, on a le droit de se débrancher le temps de trouver son quai, puis sa rame. Là, on se connecte à une des poignées suspendues au plafond, et quand tout le monde est câblé, alors, seulement, le métro démarre. De retour dans la rue, on se rebranche et si ça coince, si on sent une résistance, on revient sur ses pas pour dénouer la situation. Il est interdit de couper le câble, interdit aussi de débrancher pour faciliter le dénouement. Il faut tourner, décroiser, un pas dessus, un bras dessous, s’incliner ou lever la jambe, courber le coude par là et déployer le genou deux fois, puis, venu l’épilogue, libéré et solidement relié, on rejoint sa destination toute trouvée. Parfois, en cas de trop forte nodosité urbaine, voire globale, impliquant trop de boucles de population, si le nœud se resserre, se resserre, avec tous les risques encourus, dans ces cas-là uniquement, la journée peut être annulée.
JS