Nos îles numériques

entre connexion et déconnexion

(toute première fois) Carnet

dimanche 15 novembre 2020

(cette chanson un peu idiote genre de scie dix ans plus tard) (non mais il n’y a pas que l’internet dans la vie) (deuxième étape qui est la peut-être première - attends moi, j’arrive)
Carnet

j’ai toujours été assez réfractaire à la technique – pourtant j’ai apprécié lorsque mes parents, vers soixante deux, ont pourvu la maison d’un truc en bakélite noir, un cadran doté d’un dizaine de trous sur le devant (on y lisait l’alphabet sous certains des dix chiffres) – mais ensuite sans doute bien après, après les études ou pendant parce que, à un moment, le raccordement au réseau téléphonique (c’est un téléphone, il était noir : plus tard on aurait d’autres couleurs) (je me souviens de l’entrée en licence de cinéma et de l’examen dont le sujet était "le téléphone blanc en Italie". Point.) (je me souviens de Vittorio De Sica dans le film de Max Ophüls avec la Darrieux) (il y en avait un rouge qui reliait directement disait-on le kremlin (pas Bicêtre) à la maison blanche) (ou l’inverse) le raccordement donc coûtait un bras et nous étions désargentés (financièrement, ça n’a pas beaucoup changé – mais techniquement que oui) l’abonnement était du même tonneau, et la communication itou – et donc on n’avait pas le téléphone on habitait une pièce, on y entrait directement dans une petite salle de bain, au fond on avait une baignoire sabot, sous la fenêtre, un siège toilette un lavabo – à droite la pièce faisait douze mètres carrés – alors pour ceux qui venaient (ou celles) impromptu(e)s, on avait, à l’aide de deux punaises piquées sur le fond en cartons un petit carnet (il n’était pas rouge), accroché à la porte d’entrée, un petit crayon de bois au bout d’une ficelle accrochée au carnet, laissé là pour nous indiquer leur passage – s’ils (ou elles) n’étaient pas trop pressé.es, un rendez-vous, au bar d’en bas (c’était dans la rue Paul Bert) ou au billard de la Bastille de Maubert ou d’ailleurs –