Nos îles numériques

entre connexion et déconnexion

Ordinos

lundi 14 décembre 2020

Il y avait eu fin des années soixante dix cette enquête dite qualitative sur les teintes à donner au minitel* et ses fonctions – j’avais hérité des teintes il me semble me souvenir – un type avait proposé le boulot à C. qui l’avait accepté et m’en avait refilé un morceau – on devait gagner sa vie, comme toujours et comme de bien entendu, j’avais été au bois de Vincennes, c’était le mois de juillet je crois bien, il y avait trois teintes beigeasse verdasse marronnasse tu parles d’un choix – les gens avaient du mal, j’allais sur les pelouses, à l’ombre, il y avait le panel de merde à respecter – ça a bossé pas mal pour ça, marron oui, et les touches de la même couleur ? et les fonctions, questionnaires à choix multiples pas d’ouvertes à ce moment – les mômes couraient sur les pelouses, le soleil se couchait, les conditions assez idéales (comme lorsqu’on a enquêté sur la presqu’île de Quiberon, quelques jours, sur les plages, pour savoir jusqu’où devait aller le train à grande vitesse) (une partie de cette enquête s’est déroulée dans le domaine des trois vallées des Alpes et là, c’était moins marrant) (à ce moment-là, les carrés barrés
faisaient fonction d’ordinateur) – *il ne s’appelait pas minitel mais terminal informatique – les gens comprenaient qu’ils allaient passer à un annuaire électronique au lieu du papier – quinze ans plus tard, un ingénieur informatique télécom a pris la direction (on la lui a donnée, certes, probablement un vaguement double menton balladur et son chalet à
Megève ce genre de garçon — né à Smyrne pourtant – aujourd’hui c’est Izmir — j’irais bien) la direction donc de l’établissement a initié une étude sur les « nouvelles images nouveaux réseaux » laquelle se foutait comme d’une guigne de l’internet (il n’en fallait
pas parler, ça n’existait pas, pour ne pas faire d’ombre aux prolégomènes et à l’investiture du génie français (dont l’ingénieur était un des instigateurs) qui se trouvait être décliné dans les marrons, les beiges, mais pas les verts – on a fait une étude avec un certain nombre d’enquêtrices.teurs (un nombre certain : quatre ou cinq je crois) (j’avais ma boite) (il y avait deux ou trois tables et des chaises à la sortie de l’exposition) – je ne sais plus qui y travaillait (ah si il y avait CJ, elle se reconnaîtra si elle passe jamais
sur cette île numérique) – on avait des ordinateurs portables pour les autres enquêtes – puis il s’est trouvé que tous ces accessoires (tables, chaises, ordinateurs) se sont montré trop inertes, il fallait bouger, on a repris le papier crayon – on a recommencé à saisir d’après ce type de preuve de support de questionnaire – encore aujourd’hui sauf que la saisie s’exécute de n’importe où (une affaire d’adresse et de mot de passe de merdalakon comme d’identifiant de chiotte – les choses n’ont pas changé, on aura à s’adapter) – au début des quatre-vingt-dix après la machine à boule à l’écran d’une ligne quarante caractères lecteur de disquette intégré Olivetti on est passé au stade supérieur – duo dock avaient-ils appelé le truc (une merveille) (ça coûtait les deux bras augmentés des deux jambes : un crédit du montant d’un loyer pendant vingt-quatre mois) (un portable qui se glissait dans la station de bureau grand écran (vingt et un pouces) mais sans internet pour le moment – ça viendrait plus tard au siècle suivant, pas avant) (sans doute au 5 de nos îles donc) (je suis en retard)

Piero de Belleville