Voyage intérieur · 7.1
dimanche 19 avril 2020
Compagnons de voyage
- Roland Barthes par Roland Barthes [1]
- Walter Benjamin, « One-Way Street » (Tr. Edmund Jephcott) [2]
- Julio Cortázar, « Axolotl » (Tr. Javier Garciá Méndez) [3]
- Brian Eno, « The Studio As Compositional Tool » [4]
- Henry Flynt, « Concept Art » [5]
- Gérard Genette, Seuils [6]
- Shirin Neshat, Turbulent [7]
- Orhan Pamuk, Museum of Innocence (Tr. Maureen Freely) [8]
- Eric Pessan, La connaissance et l’extase [9]
- Rumi, Selected Poems (Tr. Coleman Banks) [10]
[1] J’admire ce texte presque autant que son auteur, dont l’inventivité est une inspiration. C’est l’acte de naissance de l’autothéorie. Le livre physique est non moins une merveille — joli format, typo soignée et pas une page de gaspillée, même les 2e et 3e de couverture sont fonctionnelles et portent des textes (une caractéristique je pense des « collections microcosme » des Éditions du Seuil).
[2] Ouvrage qui, curieusement, anticipe sur les plans formel et conceptuel Roland Barthes par Roland Barthes. Aimerais savoir plus sur Asja Lācis à qui le texte est dédiée. La partie de l’œuvre de Benjamin qui me parle le plus est celle qui se situe dans le no man’s land entre littérature et non-littérature (= philosophie / politique / sociologie), territoire où je me sens de plus en plus chez moi.
[3] Lu tout de suite après « Axolotls en impésanteur » de Laure Limongi, qui en contient quelques phrases. M’a rappelé que JC est un auteur que je devrais mieux connaître. « Axolotl », c’est l’âme sœur textuelle d’« Allal » de Paul Bowles qu’elle a peut-être inspiré.
[4] Lu et relu maintes fois au fil des ans. Intéressant pour son côté historique comme pour son aperçu du processus créatif de l’auteur. Un monument de la discussion de la médiatisation en musique.
[5] Le premier texte à théoriser — et à nommer — l’art conceptuel. A été publié dans la même anthologie que Compositions de La Monte Young. Tiens, je remets son Well-Tempered Piano…
[6] La notion du paratexte me fascine. J’y suis comme un poisson dans l’eau d’un bocal dans l’eau. Actuellement lis et relis le chapitre sur les épigraphes.
[7] Magnifique. Rien qu’à sa structure, c’est toute une leçon de politique. La présentation vidéo est décevante, pourtant, car on voit les deux films qui composent l’installation sur le même écran plutôt que sur deux écrans qui se font face. Contient déjà le jeu des éléments binaires qui vont structurer l’œuvre de l’artiste et qui lui donnent son énergie particulière (énergie qui lui est propre, vivant comme elle fait entre deux pays / langues / cultures).
[8] Un bonheur. Long, comme tous les romans de Pamuk, mais cela ne fait qu’ajouter à l’effet roman, qui est tout dans la durée. C’est une de ces œuvres qui font fusionner le réel et sa représentation, ou, pour le dire autrement, qui ont un écho physique dans le monde non-fictionnel (cf. son musée éponyme (j’y reviendrai…)). Le chapitre 69 est un petit chef d’œuvre en soi ; à lire et relire. Humblement je m’incline devant toi, OP.
[9] Très beau texte, sur tous les plans (conceptuel / littéraire / (méta)textuel / sociopolitique). L’ambiguïté quant à son genre m’enchante – est-ce une œuvre dramatique / un recueil de micro-essais / un ouvrage de creative non-fiction ? Quelle importance ? La fluidité du genre s’applique à plus qu’aux êtres humains, et nous vivons une époque où le caractère artificiel des catégories conventionnelles de toute espèce est largement reconnu comme tel.
[10] Il y avait longtemps que je m’étais promis de lire les poésies de Rumi. Je rougis de honte d’avoir attendu avoir mon âge pour le faire (enfin, pas vraiment). En sautant jusqu’aux dernières pages pour voir comment finit le recueil je suis tombé sur une recette de curry aux pois chiche cachemirie qu’à vrai dire je goûte tout autant (soyons honnête — plus) que les poèmes.