94 (21 et 22)
dimanche 22 novembre 2020 - D’une autre façon
(94) vingt-et-un et vingt-deux novembre
encore un quatorze – spontanément il m’envoie à l’atelier (le 14 est le mort qui parle) – les livres arrivent de Chartres bientôt vu qu’ils ont été expédiés (commande du 6 du mois tu me diras, ça ne fait que seize jours – ça ne fait rien, ils arrivent dont un Claudio Magris) une belle photo matinale – des rêves certainement – un pain au beaujolais à la boulangerie (tomates séchées saucisson à l’état de traces) – le camion de lait qui passe à huit heures et demie – la vieillesse du castor plus l’autobio de Georges-Arthur Goldschmidt – des commandes de la précédente réclusion (ceux qui arrivent seront sans doute pour la prochaine) pas envie de rigoler du tout (je mets longtemps à lire, je lis tout c’est pour ça, il est rare que j’adopte la diagonale – il y a une avenue à Barcelone qui porte ce titre (j’ai beaucoup aimé la découvrir) : il y avait une exposition Pissaro dans cette ville au moment où nous y fûmes) – en plus il fait gris, il fait froid, mais il ne reste qu’un mois de décroissance des jours – je ne sais plus exactement quel était ce 14 du rêve – normalement je ne pose pas deux fois la même image, mais celle-ci je l’aime particulièrement
le travail en stase : c’est ainsi qu’on sait qu’on n’appartient pas, à personne ni à quelque institution – le café passe, le joint à changer, la voiture qui ne démarre pas, ou plutôt seulement mal – il s’agit un dimanche à la campagne sous les auspices de l’immonde (avant hier à l’assemblée dite nationale) – hier les menées de l’ignoble en charge de l’éducation dite nationale – il paraît que le fumier menteur truqueur violeur joue au golf (ce n’était pas un rêve, il est apparu dans le « bureau ovale » de sa « maison blanche » encore pour quelques semaines il était assis à son bureau tenait en main un revolver (ou était-ce un pistolet ? ) et il se tirait une balle dans la tempe, il portait son abjecte cravate, sa coupe de cheveux du même qualificatif) (parfois on fait de beaux rêves) (ce n’était pas un rêve) – ce sport est le nom même d’une voiture allemande – on en disposait d’une, rouge quatre phares ronds sur le devant, je crois qu’elle avait un petit nom, Memphis je crois me souvenir, deux petits palmiers verts sur les côtés, des petits traits verts les soulignant ? Peut-être bien – je l’ai cédée contre cinq cents euros lorsque j’ai acheté la suivante – quinze ans de ça, ou quatorze seulement – la théorie des nombres je me souviens (c’est vrai que les nombres forment une de ces théories dont la nature a le secret – un peu comme ces étoiles de la voie lactée) par exemple les décimales de pi qui servent à calculer le périmètre (ou la surface ou le volume) d’un cercle (ou d’une sphère) dont le nombre reste infini – les matheux aiment à considérer l’infini comme une chose – un peu comme Milou considérait les faits sociaux – un peu aussi en considérant la théorie des nombres premiers : ceux-ci s’en vont vers la nuit de l’infini sans qu’on sache jamais déterminer si, à un moment des nombres, cesse cette théorie – le chargé de travaux dirigés de maths qui disait « faites attention car à force de se spécialiser sur des infimes parties du savoir, on finit par savoir à peu près complètement tout sur rien » il parlait des équations de Maxwell ce qui me revient, qui implique que ces travaux étaient dirigés mais en physique – je me souviens de son visage d’alors : si je le croise demain dans la rue Jussieu, il se peut que je ne le reconnaisse pas (comme moi, il aurait quarante cinq ans de plus) – demain, je ne serais pas vers la rue Jussieu non : trop éloignée et, de plus, sur l’autre rive du fleuve – on pourrait croire à lire ceci que je suis en ville, downtown Babylone mais non, je suis dans le quatorze – c’est pour ça