il y a le passé il y a l’avenir
mardi 31 mars 2020 - Ce qui nous empêche
il y a le passé et il y a l’avenir – est-ce qu’on en a vraiment quelque chose à foutre de cette saloperie ? on nous enjoint de penser aux autres, et si les nôtres venaient à mourir ils nous laisseraient seuls et confinés - il y a des jours où il y aurait de quoi se mettre en colère, en rogne, en furie – il y a des jours où il vaudrait mieux pas : on devrait avoir la possibilité de hurler dans les rues – ici le monde est calme – il arrive qu’une voiture passe – un camion et sa remorque - un tracteur muni de ses outils d’épanchement d’intrants – il semble que j’utilise le même effet que JS dans « L’homme heureux » avec ces tirets à n’en plus finir - retrouvé un texte nommé « le seuil » je ne sais pas bien à quoi il correspond (« on devrait correspondre puisque tu me corresponds » : c’était une chanson du juke-box – j’en avais la cassette dans la voiture au siècle dernier – il passait aussi « les Princes des villes » – non, la voiture était rouge, je l’ai vendue en euros) – les choses restent : parfois on se souvient, parfois le monde s’ouvre et on les oublie - le truc pèse sur nos vies, on les aime tant ces vies – la radio je l’éteins, les questions des journalistes sont immondes ; le journal me fait moins de mal et me cause moins de blessures mais il faut aller l’acheter (est-ce que c’est essentiel ?) ; sur la vitrine de la boulangerie, une affiche jaune écrite en noir indique au format paysage que mercredi vers je ne sais plus quelle heure (fin d’après-midi) les cloches sonneront afin que chacun puisse se recueillir et prier – est-elle apparue ce matin je n’en sais rien ;
peut-être ce « seuil » était quelque chose d’un atelier d’écriture – je n’ai pas pris ces livres en partant, je n’ai pas pensé non plus à prendre des lunettes de rechange – celles données par mon ami de cinquante ans qui est parti un dix huit novembre, qui me les avait données un moment avant – les deux verres de champagne pour célébrer nos cinquante années d’amitié – la pizza commandée, en septembre – et ses soixante cinq balais - les difficultés pour trouver ces cinquante cinq jours – comme ceux de Pékin, comme ceux de Tunis d’un de mes cousins – mais qui étaient eux-aussi durant cette même période : Aldo Moro était retenu prisonnier depuis le 16 mars – je mettrai « le seuil » quelque part - sans doute pendant le week-end ateliers ou quelque chose de ce genre – les livres, ses lettres en folio, celui de Anna-Laura Braghetti,celui de Leonardo Sciascia, les autres encore, sont restés dans la bibliothèque – je les retrouverai, mais peut-être était-ce là l’occasion de dérouler cette histoire contemporaine, à peine ternie oubliée peut-être (pas par moi en tout cas) – j’avais la Horde d’or aussi, massive et à l’Éclat si je me souviens -