deux pour le prix d’un
lundi 27 avril 2020 - Ce qui nous empêche
une espèce de retard à l’allumage - un moment de désespoir - trop de rangement, travaux, courses, repas, lessives, etc. - un manque d’allant - pourtant le temps était beau, mais non, ça ne s’est pas fait - on s’en fout, on rattrape - on en profite pour informer que les numéros de ce journal de réclusion paraissent aussi sur le blog pendant le week-end - bien sûr qu’on a envie de tout jeter - disparaître dans le noir, la nuit, sous la suie - dans le rangement du garage, de nombreux objets qui datent de l’incendie et d’avant - peut-être là quelque chose
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une vidéo des Stones recommandée par F.Bon if you try sometimes – un article d’Alexandra Saemmer dans le livre mis à disposition par Franki et sa bibliothèque - ici : il faudrait trouver le lien – un atelier en ligne de Pierre Ménard : ira-t-on ? - je chercherai sûrement ces jours-ci – je me laisse le temps, thérapeutique, curatif, soignant parfait – m’en reste-t-il ? le spectre s’est approché ces jours-ci – l’interview de William Dab dans le monde (on ne devrait plus lire les journaux, plus écouter la radio, mais non, ça nous attrape – le mari d’unetelle, la mère des enfants (c’est un truisme sympathique : ça veut tout dire, c’est toujours ainsi, une mère est des enfants, ou d’un seul, oui) – il n’est pas question, pourtant, d’arrêter d’en rire (de peur d’en pleurer ? Peut-être mais d’en rire d’abord) – tu te souviens de « Tora Tora Tora !!! » tu te souviens de « Viva la muerte » le poing fermé sur la tempe droite, tu te souviens de la valise et de Gerda – je ne sais pas, non, je ne sais pas – parfois, comme un peu tout le monde, j’imagine, ces temps-ci, on aimerait lâcher, et que ça cesse – c’est beau l’espoir aussi – une image de la fin du jour
on est là, on trouve les choses belles, le ciel, les oiseaux, les arbres et qui sait si on ne sera pas frappé – et le sens qu’on donne aux choses, et les signes auxquels on va attacher de l’importance – cette réponse à un mail, un sms, cette façon de se taire et de taire ce qui se passe, arrive, vit encore et continue, et continue encore – on respire - la Bourboule ? la théophyline Bruno ? la blouse de l’interne aux lunettes ? - on respire…
craindrait-on l’ostracisme de ceux qui sont restés en ville comme on craignait celui de ceux qui ici vivent à l’année ? dans la grande ville, Babylone, qui déconne je crois (ah Bill Deraime) comme de juste, le métro roule (la Ratp a déboulé sur le compte en banque pour prélever son écot de pass navigo à l’année… : les affaires continuent)
(épisode deux) le soir, au ciel vers dix heures et demie, le même défilé d’une trentaine de petites lumières blanches à la queue-leu-leu parfois un peu décalée, toutes à la même vitesse, file vers le nord est – on pense aux satellites,on pense au traité de l’Atlantique nord encore, à la science fiction – c’est sans bruit, c’est assez beau et tranquille (add. du 27 courant (ça veut dire « du même mois » NDC) (note du claviste) : la cohorte processionnaire de satellites observée à deux reprises est due, selon une source de presse (ouest france), au projet intitulé starlink lequel ne comporte pas moins de quarante deux mille dispositifs de cet ordre (à terme) dont on n’a observé qu’une quarantaine – projet d’un des abrutis étazuniens mégalomanes muskelon – pour rapprocher les satellites de retransmission d’internet afin d’en diminuer et d’en améliorer le temps de réponse (orbite : 550 kilomètres dit-on) – nul débile immonde quand un milliard d’humains au bas mot ne mange pas à sa faim – chacun dispose de son argent comme il l’entend, tu sais : décomplexé
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ça se passe à Laumière (ajoute un L et tu as La Lumière – ôte un u et tu obtiens Lumière – et ce film jamais vu de Jeanne Moreau – ça me manque, ça par exemple) – le cinéma, toujours là, avec Todo Modo, et d’autres de ce genre des années 70 - Cadavres exquis, si tu veux (j’aime Rosi) – il se trouve que ce sont des « communistes » italiens je mets des guillemets parce que le PCI a quelque chose de révoltant, moins que que la DC ça ne fait pas de doute – de là à tuer son président, il y a un pas qu’il aurait été bon de ne pas franchir – je m’égare, tu sais les choses changent et il faut que tout reste pareil (le barbalakon premier de son cintré a fait comme ça « il ne faut pas s’attendre à un retour à la normale avant longtemps » - non, on ne prendra pas les armes même si) – il y avait les cravates de Goimard tu te rappelles ? celle qu’on lui avait offerte en fin d’année (des fleurs partout de toutes les couleurs et son sourire ravi) (il vivait rue du Borrégo) et le premier jour, son air docte et posé, un sage parmi des énergumènes « alors pour en finir directement avec mes opinions politiques, sachez que je suis et me revendique marxiste tendance Gramsci, cela dit pour votre gouverne » - des types (des deux genres) de vingt-deux ou vint-quatre ans, ça les impressionne – tout ça nous a éloigné du rêve de cette nuit – ça se passe à Laumière, c’est un restaurant aux nappes en tissu jaune, le repas est semble-t-il terminé, on ne s’est pas entendu du tout – il y a là mon frère et mes deux sœurs – l’une d’entre elle sort son stylo à encre et de prix et de marque, fait un chèque, je propose de payer ma part, elle refus – elle signe, « de toutes façons vous ne comprendrez jamais rien, vous êtes des idiots » - mais le repas, je crois était bon – quelque chose avec ce restaurant peut-être mais je ne le connais pas, qui me fait souvenir de celui immédiatement avant le pont bleu du cimetière, sur la rue Caulaincourt en son tout début – il y a des enseignes que j’aime et connais sans y être jamais entré – par exemple celui de l’avenue de Bouvines dans le 11 (entre la rue de Montreuil et la place de la Nation) – une avenue qui procède du non-lieu à mon sens – souvent au coin droit de la place et de cette voie, on peut voir une Maserati quatre portes garée là comme si de rien n’était (et c’est d’ailleurs le cas) – le restaurant aux grandes baies vitrées, haut de plafond, une espèce de terrasse couverte et fermée – des pizzas peut-être je ne sais plus – il y aurait des rubriques à faire mais je renonce -
il y a une belle histoire dans ces horreurs (celles commises dans les années 70) c’est celle de la diétrologie – belle histoire c’est une façon de parler un peu cynique comme on dirait des quelques belles lois ou ordonnances de l’état d’urgence serait-il "sanitaire" de nos années contemporaines – sanitaire ou pas – fuck off - ils se servent de l’État et le pervertissent pour leur unique profit – définition citée par Carlo Ginzburg dans son « Le juge et l’historien » (Verdier 1992) note 49 p 67 « analyse critique des événements tentant de repérer, derrière les causes apparentes, les vrais desseins cachés » - ainsi en est-il tous les ans, vers la mi-mars, où on trouvera des « analyses critiques » de cette affaire-là (l’assassinat d’Aldo) qui feront intervenir ici le Mossad, là le deuxième bureau ailleurs des Bulgares avec un parapluie, ou sans, ou encore les auteurs des attentats contre les tours jumelles du Centre Mondial du Commerce – tout, et (presque) n’importe quoi – pendant ce temps-là, ces jours-ci, à quarante deux ans d’ici, au sein du tribunal du peuple, les consultations allaient bon train à savoir si la peine de mort était requise ou pas - Aldo à genoux contre sa couche priait encore – en ai-je des prières ? Sans doute, mais toutes intérieures…
j’ignorai parfaitement cette commémoration – la lecture des noms des disparus, cette commémoration nommée yam hashoah – une cousine la rappelle – celle du super-constellation - nuit du 20 au 21 avril – quelque chose de la religion probablement, cette date-là – ni dieu ni maître, certes, mais n’oubliez jamais (comme disait Joe Cocker) convoi 67 numéro 12745 du 25 janvier 1944 – arrivée le 6 février – immédiatement gazé