Les villes passagères

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Sur la route, on a...

jeudi 20 décembre 2018, par Manel Khefif

(Mon très cher journal
J’aime le monde, Je ne fais que souffrir)

On a allumé un feu d’enfer, on a regardé les flammes et les bourriques hurlant on a écouté les vents, chanter le printemps et les virevoltes du temps. On a discuté tard, blafards dans notre car, car l’un de nous tremblait tant les fées des vallées frissonnaient dans les blés. On a dessiné les rêves de gamins sans nom, les fantômes de nos shabs blasés dans la poussière amère de ces fières utopies – Eh l’ami ! On a sifflé des comédies, on a soufflé tes bougies, on a forgé des nuits dans un bourgeois ennui, on a ouvert des fenêtres cassées et cassé la pureté de notre langue emmurée, enlisés dans nos brèles bonnes bêtises, on a trouvé des voies, confondue des chemins tous les matins. On a poursuivi les silencieux feuillages des montagnes élancées, encore tout embaumés par les nuages épais – on a touché l’écorce des arbres comme nos peaux, caressé les fougères des tignasses des forêts, amicalement, on les a aimé – on a nommé des plantes et les possibles dans un champs de désir et de parfums de femme – on a imaginé des plans, arrangé une cabane, la cavale de nos âmes à travers les cœur mornes, sourd à toutes ses alarmes – on a cherché une poésie, écrit dans ton carnet, le nez plongé dans la ville, l’immense horrible vie, qui hurlait dans nos tempes, l’utopie s’évanouit, je croyais éternel, je vivais en volant – on a déclenché nos regards un matin, on a cru – longtemps - qu’on pourrait tenir comme ça mille ans – on a sorti de nos tripes de quoi ravir la mer, la mer et la terre, et elle s’est plaint de nous, elle se plaint encore dans la vallée au loups. On avait voulu participer à la vie, et on a trouvé ça dur. On a échoué dans une descente glorieuse, vers les fonds des avenirs qui n’allaient pas venir, impétueuse décadence, le gouffre est immense, le vide fait mal, parle ! parle encore ! Je ne veux rien entendre, part ! non reviens, le vide est sans fin, indolence déchéance, nous étions morts, et nous croyions vivants.

L’autre nuit
Petit, tu es né.

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