Les villes passagères

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La ville n’est pas village

jeudi 20 décembre 2018, par Claire Delaigle

Ah donc toi t’as pas ça ?
les copains au bout de la rue, les maisons, les jardins, les champs tout autour et le car qui met 40 min pour arriver au lycée le matin ?
les oiseaux au réveil, les chiens à la sieste, tes chats qui vivent la vie sauvage avant de rentrer pioncer sur ton plaid et les hérissons, la nuit, qui viennent manger les croquettes ?
Toi t’as pas le : « je peux pas rester très tard, mon dernier bus est à 21h05 à la gare » ?
Tu peux pas faire la folle avec ta sœur dans ton salon, crier à plein poumon ?
Tu peux pas inviter une vingtaine de personnes sans même prévenir les voisins ?
Toi t’as pas le : « ouais tu peux te garer dans l’allée mais même dans la rue ça craint rien » ?

Ah donc toi t’as pas ça ? La fausse guéguerre entre villages ? Ceux qui viennent de Boutigny, de Mareuil, de Quincy ou de Saint-Fiacre ? La ségrégation selon le bus que tu prends (moi c’était le 04) ? Et les amis de ton village qui sont un peu ton gang ? Les autres, tu les aimes aussi mais c’est pas pareil parce que le dimanche… Toi t’as pas le : « je suis bloquée chez moi parce que j’ai pas de bus, pas de voiture, je veux la ville, je veux que ça bouge ! »
Sauf que t’aimes ton village et tant pis, tu tues le temps en arpentant les rues vides, en partant te balader entre forêt et champ.
Et puis toi t’as pas : « je vais être en retard parce que mon bus et donc le train et le métro... »

Ah donc toi t’as pas ça ? Les étoiles qui brillent ?

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