L’Oloé aux 149 doigts

Assis dans des chaises roulantes en plastique orange et gris affublées d’une petite tablette mobile sur laquelle poser son matos - stylo, carnet, ordi, canette d’Orangina - on écrit, là, ensemble, dans la salle 107 du flambant neuf bâtiment Ada Lovelace dédié au numérique et à l’innovation pédagogique, que je préfère appeler pédagogie alternative. On écrit, là, ensemble, sous l’impulsion d’une consigne, d’une contrainte, d’une forme (haïku infini, petite morale élémentaire portative, trident, OLOE, poème de babyfoot, rhumbs, à supposer). On écrit en écoutant le frottement des stylos sur le papier, le cliquetis des touches, en regardant par la fenêtre les nuages-qui-passent-là-bas-là-bas ou en jetant un oeil perplexe sur la basket de son voisin qui gigote éperdument sous l’effet de l’inspiration. Ensemble, là, on écrit et quand pouf pouf le temps s’est écoulé, on lit nos blablas à tour de rôle, voix trébuchante ou sonnante, confrontant nos imaginaires, nos vocabulaires, nos entorses à la règle qui dans ce contexte en forme de parenthèse sont accueillies comme autant de petits arcs-en-ciel éphémères à la surface d’une bulle de savon.