très souvent je me pose la question de savoir à quoi peut bien servir une chronique au sujet d’un film de cinéma – ce genre de production n’a pas d’utilité (je n’aime pas le concept d’utilité) (j’agonis par ailleurs ce mode de production : réunir de l’argent d’ici et de là et d’ailleurs sur la foi (?) d’un scénario (?) de noms de potentiels acteurs, lancer la production les plans de tournage, les repérages arrêter les dates et les contrats, les assurances les visa les obligations légales et tout le bataclan) tout ce bruit pour rien si le public ne se déplace pas – si la télé ne diffuse pas – je me pose la question et je cesse de tenter d’y répondre
puis vient le moment où je me dis qu’il faut, comme un petit animal de compagnie, nourrir le blog-le support-le site-quoi que ce soit d’autre – quelque chose de l’aiR Nu en tout cas
le nourrir pour le faire vivre (anthropomorphisme débilitant peut-être ?) (mais non, la ville, le cinéma, la jeunesse)
C’est l’histoire d’un jeune garçon, il doit avoir dix ans
– il fait des fautes d’orthographe tout en tombant amoureux de son instituteur
mais ça ne se passe pas comme ça, la vie, l’amour tout ça – non – il vit dans une famille décomposée et recomposée – il reste et vit avec sa mère (employée du buraliste)
le film commence par le déménagement de la famille
se poursuit par une espèce d’acmé
où le jeune garçon comprend sans doute le sens de ce qu’on nomme (de ce côté-ci de l’âge et de la vie) la réalité (ou la raison ?)
le tout se déroule à Forbach
une petite ville de l’est de la France (quelque vingt mille habitants), désolée et perdue des anciennes industries minières qui y faisaient vivre (mais aussi mourir) le monde – on veut en partir j’ai le sentiment –
il s’agit (peu ou plus) d’une autobiographie – des acteurs, ici la compagne de l’instituteur (elle travaille au Louvre Metz)
le petit, c’est un élève de son mari/compagnon/époux, elle l’accueille, disons, avec gentillesse – puis le repousse avec rudesse
différence de classe sociale, différences des cultures – invitation au musée, découverte d’un monde si différent, si étrange, tellement meilleur croit-on –
histoire simple – initiation, peut-être – le petit s’en ira vivre sa vie quelque part
ailleurs, probablement en faisant du cinéma – cette image si jolie
et celle-ci où il marche sur le fil funambule d’un rail désaffecté
presque heureux, dirait-on
Petite Nature un film de Samuel Theis