On avait eu droit au tragique La chambre du fils (2001), ainsi qu’au Mia Madre (2015) tous deux magnifiques – les adjectifs n’en disent jamais assez.
Des histoires de famille, peut-être – mais on aime ce réalisateur.
Est-ce qu’on cherche de la promotion, de l’éveil, de l’attention ?
C’est un monde terrible (comme dit Jean Seberg, lorsque Preminger l’interroge (en 1955) lui posant la question de savoir si elle veut être actrice : « terriblement » dit-elle) (« oh badly ! ») (elle a dix-sept ans et onze mois) (elle est de trente huit) – terrible) ça se passe, ça se déroule à Rome (comme, tu te souviens sûrement, Journal Intime (1995)) on en voit peu, mais on ressent la ville quand même (on est installé à la gare, les trains sont en contrebas dans la surexposition de lumière; on est à l’aéroport; on est sur les quais du Tibre, sur le bord d’une route bretelle, la nuit – au loin l’Aventin, l’une des sept collines – au loin Ostia et la mer et Pasolini, puis Civitavecchia et Stendhal et Cinecitta et Federico – au loin) (enfin tout ça)
Trois étages d’un immeuble, trois (ou quatre) familles qui vivent là. Des histoires mêlées. Trois temps (cinq ans plus tard, puis cinq ans plus tard)
On ne parle pas de cinéma (tant mieux), leur travail c’est plus le droit – Monica est femme au foyer, elle accouchera immédiatement de Béatrice (le bébé sur l’image) son mari (Giorgio – Adrianno Giannini) absent, toujours absent (dans la première période, puis moins) (sa mère perd la tête… et elle craint aussi pour sa propre santé mentale – elle se trouve ou se retrouve, pense-t-elle, trop seule)
Puis le juge, sa femme et leur fils (par qui un des scandales arrive) (il y en a aussi trois)
ça commence un peu comme ça
le môme Andrea ivre tue une passante (tandis que Monica s’en va accoucher seule de Béatrice) retrouvé ceci – ça se passe dans cette rue –
les camions du tournage, via Montanelli à Rome – puis ceci (le garage ou finit la course du môme Andrea ivre)
trois histoires tricotées, tressées, montées plus ou moins parallèlement pour n’en faire qu’une (peut-être) celle de cet immeuble
– la plus attachante
peut-être parce qu’elle perd la tête – et comme sa mère s’enfuit – puis elle, qui subit l’ultimatum de son salaud de mari (comme disait Jean Renoir à propos de sa Règle du Jeu (1939…) « chacun a ses raisons « ou quelque chose d’approchant)
trois femmes puissantes (Sarah qui envoie paître son mari, Dora qui recherche son fils
Monica qui cauchemarde éveillée
mais aussi en dormant – d’autres choses encore, des développements, des rencontres, des naissances et des deuils, des procès – beaucoup de choses mais la plus belle, la plus improbable aussi, la plus attachante et la plus vraie pourtant, cette danse
magnifique qui s’éloigne – je te la pose deux fois
tango milonga tout ce que tu veux, mais des dizaines de couples qui passent, dansent sur une musique magique, comme dans un rêve… tout le cinéma est là (on pense à la fin de Huit et demi – mais ici, les acteurs ne dansent pas…)..
Alors, à la toute fin, lorsque Béatrice s’en va avec son père (et son petit frère), cette image (au ralenti…) à travers la vitre arrière de l’auto
extra…
Tre piani, un film de Nanni Moretti