C’est Donya (interprétée par Anaita Walli Zada).
Elle voudrait juste dormir.
Un de ses amis (afghan) (ils sont peu – réfugiés – elle a aussi une copine de travail mais étazunienne garantie – il y a aussi des abrutis afghans ou pas, certes) cet ami donc lui donne une pilule pour dormir, lui donne aussi son rendez-vous chez le psychiatre.
Le psychiatre est un drôle de mec
(pas certain que ce soit une lapalissade) – les prescrit-il ? Mystère.
Dort-elle mieux ? On ne sait pas trop.
Mais tout à coup, au travail
où on fabrique des biscuits
dans lesquels on incorpore des messages
inscrits sur un petit papier
à la manière des devinettes ou des blaguettes qu’on trouvait dans les caram’bar tu te rappelles –
et pour ces maximes formules fortunes chances formes de recette ou d’horoscope – quelque mots, il faut bien les écrire : ici la rédactrice
les deux copines discutent blind dates (rencontres amoureuses ou quelque chose)
et puis
brusquement (j’aimerai mourir comme ça – comme Molière* – au travail) – alors
elle accepte – et à nouveau quelque chose : ceci déjà (consigne éditoriale)
et puis on apprend à la connaître – son quotidien, ses repas chez un ancien de là-bas
les conventions
les obligations,
les sous-entendus
là-bas ça n’a pas d’importance pourtant, ce qui importe c’est ici
les choses se passent aux États dits unis mais j’ai pensé ça pourrait être une Algérienne ici, une Cap-Verdienne ou une Angolaise au Portugal
j’ai pensé mais je n’ai pas de réponse – désespérément… quelque chose à tenter
un message dans un biscuit – Donya, c’est elle, un sms lui parvient
elle répond, elle se décide, et donc elle part – mais avant
elle répète
il me semble qu’elle emprunte une auto – j’ai pensé à celle (assez laide, alors que celle-ci me plaît plus) d’Eastwood dans un Gran Torino (2008) probablement à cause des immigrés qu’il y a aussi dans cette narration – des gens chassés par les guerres – celle de son amie, peut-être bien)
puis elle s’en va mais c’est une fausse piste
le film est en noir et blanc format carré – plus ou moins – ça sert à quoi tout ça ?
ça se passe en Californie –
il y aura quelque chose de la cruauté
de la servilité, de la subordination il y a quelque chose aussi de la chance – ou alors de la fatalité
ou simplement du hasard
Fremont un film (simple, splendide) de Babak Jalali
- * : ça n’a aucun rapport (sinon cette proximité qu’on entretient avec sa propre mort – et donc sa propre vie) (cette chose, la vie – et donc l’amour – qui est de tous les films par construction) (c’est une des raisons pour lesquelles nous développons pour cet art industriel une espèce de goût prononcé) aucun rapport mais dans le Molière (Ariane Mnouchkine, 1978) la mort de JBP son transport allant de la scène à sa chambre passant par l’escalier, ce passage est magnifiquement illustré – magnifiquement… (c’est peut-être à cette aune que tous les films se valent et peuvent – ou doivent – se comparer)