Ça commence, mais ça ne commence en réalité pour personne : il s’agit de poser une musique sur la platine et d’écrire ce qu’on pense d’un film. C’est un peu compliqué parce qu’on doit naviguer entre une vague suggestion (il y a toujours, il me semble, cette vague odeur d’influence qui dégobille quand on parle des médias), un désir de faire partager ce qu’on aime, et un élan critique qui se permettra de pointer, ici, là, ailleurs et encore ailleurs, les défaillances de certaines scènes, acteurs, scénarios – le cinéma est trop complexe pour laisser la place aux amateurs, c’est vrai, mais malgré tout, c’est un passe-temps destiné à tout le monde et n’importe qui – ça devrait être remboursé par la sécurité sociale, mais non (souvenez-vous de cette chanson magnifique).
Mais d’abord la photo d’entrée de billet : il s’agit d’une actrice qui a débuté sa carrière vers soixante treize ans avec ce réalisateur, comme silhouette – elle incarne ici une utilisatrice d’internet (je suppose) qui a reçu des milliers de pastilles d’ecstasy à la place de ce qu’elle avait commandé pour ses cent ans (c’est assez plausible, dans le film) : elle parle au téléphone au type à droite de l’image (3° image ici) (barbalakon, c’est normal – pardon) – il exerce ce métier et répond au téléphone pour le wtf livreur. Cette image de Renée est mise en exergue parce qu’elle nous a quitté, Renée Le Calm donc, en juin dernier (elle avait cent piges), alors comme elle est marrante – et qu’on l’a aimée assez dans « Chacun cherche son chat » (un des films commis (en 1996) et réalisé par le type à gauche de l’image numéro 3, Cédric Klapisch) : un hommage.
Et puis ça commence vraiment : ça se passe à Paris.
On ne le voit pas exactement d’ici, mais les deux protagonistes du film (ces deux fameux « moi ») habitent l’un à côté de l’autre au centre géométrique de cette image (à peu près : un zoom avant indiquera (mais c’est pour plus tard).
Allons.
Entre eux deux, c’est Ana Girardot (Mélanie) ; le type de droite c’est François Civil (Rémy). C’est une histoire ordinaire disons. Deux personnes, jeunes gens la trentaine, assez solitaires mais pas tant que ça, tentent de survivre dans ce monde idiot. Puisqu’ils sont un peu dans une mauvaise passe (un peu seulement il faut dire : ils dorment mal, simplement), ils vont consulter.
Normalement « consulter » est un verbe qui, si on ne le fait pas suivre de celui ou celle qu’on va consulter (garagiste, voyante), ou quelque chose comme son compte en banque ou son courrier présume qu’on va chez un psy. C’est le cas pour les deux : ils dorment mal, ils vont consulter.
Lui un homme (François Berléand, compréhensif et doux)
Elle une femme (Camille Cottin, compréhensive et douce)
Les dispositifs sont un peu différents : elle est allongée (en analyse), lui est assis (face à face en psychothérapie) (on shunte sur le fait que, ni lui ni elle n’acquitte son dû au professionnel – mais il s’agit d’une de ces ellipses dont le cinéma aime à se parer : dépêchons).
Ces séances émaillent le film, mais comme pour quiconque, elles n’empêchent pas de vivre
même si c’est un peu difficile
et il faut aussi quand même manger
c’et sans doute le plus intéressant ou rigolo, ou encore bien trouvé du film (c’est, en réalité en ça que le scénario est formidable) : souvent ils se croisent
souvent ou seulement de temps à autres, mais ne se rencontrent pas
dès le début à la pharmacie
dans leurs maux mêmes, ils se ressemblent (et puisqu’il s’agit d’une romance – je ne l’ai pas encore dit, mais oui, c’est une romance – une histoire d’amour disons – c’est de cette tension dont il s’agit : la rencontre entre les deux protagonistes, menée avec simplicité et finesse). Il y a ce lieu, cette épicerie
quelque chose de l’orient
et l’épicier (Simon Abkarian, dans le rôle : magistral) – une espèce de témoin –
lui qui les connait tous les deux – comme un lien, un passage, un sas – les deuxièmes rôles, ces anges gardiens du cinéma –
(au fond de l’image ici, le pharmacien – Zinedine Soualem – c’est le quartier, le monde où ils sont vivent) (et c’est surtout aussi et vraiment Paris, la ville cette ville cosmopolite ouverte et hospitalière) (Paris, c’est ça) – cette image de l’épicerie prise par le robot
c’est ça, c’est Paris
(pour mémoire : on trouve en bas de ma rue cette enseigne aussi)
Deux moi, un film de Cédrick Klapisch.
oui ça c’est Paris… et ça pourrait être en haut de la rue de la Roquette, et la pharmacienne viendrait de la réunion, les deux épiciers qui se relaient six mois chacun de Tunisie et la boulangère entre les deux d’un pays du Maghreb non mentionné (elle vient de s’installer en remplaçant un auvergnat) enfin c’était ainsi il y a quinze ans