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La Ville est sous mes pas (démo)
Exemple de ce que peut donner, et comment l’utiliser dans le site avec les mots-clés "entrée" et "sortie", la consigne d’une déambulation fictive et aléatoire.
sous le troisième lampadaire, une silhouette attend
ou semble attendre, je ne sais pas
je suis sous l’arrêt de bus, seul
à cent mètre environ
je décide de marcher au lieu d’attendre
la silhouette se déplace
la lumière du jour est faible encore, ou déjà loin
elle traverse là-bas, je marche simplement
elle me devance, c’est tout
je ne pense pas que je la suis, à proprement parler
comme qui dirait "filature"
elle continue sur l’avenue
je dois attendre au feu
le pont enjambe un pauvre cours d’eau
j’entends ses pas résonner contre quelque chose
mais ne la vois plus
le pont est glissant, voûté
j’ai l’impression d’un passage en arrière dans le temps
sauf qu’en sortant
je vois qu’il fait partie de trois rues
qui forment rond-point
le feu passe au rouge pour les voitures
sauf qu’il n’y a pas de voiture
pourquoi ai-je attendu ?
je traverse plus vite que normal
distingue à peine la silhouette
et d’ailleurs est-ce la même encore que je suis maintenant ?
je vois qu’elle traverse une autre rue
je ne m’arrêterai pas cette fois
j’emprunte un pont
même les piétons doivent tourner au rond-point
d’instinct dans le sens des voitures
ça n’a pas de sens
si je puis dire
j’aurais pu aussi bien traverser par le terre-plein central
mais qui marche sur les ronds-points ?
et là je me sens perdu
pourquoi suivre encore ?
je ralentis
je m’arrête à un arrêt de bus
je regarde un peu plus loin
sous les lampadaires jaunâtres
le deuxième lampadaire clignote
il va tomber en panne
ça fera un trou d’ombre dans la rue
on aura l’impression de tomber
dans un cours d’eau glacé
avec nos cris qui résonne
contre la voûte d’un pont
le feu semble ne jamais vouloir passer au rouge
au rouge voiture
au vert pour moi
peu importe
il n’y a personne, aucune voiture, personne
je traverse en courant soudain
et ralentis aussitôt
je crois voir quelque chose
son ombre au loin tremble sous les lampadaires
qui se succèdent
après le pont j’emprunte la plus petite rue
la plus sombre
une ruelle
pavée de taches brillantes
moussues et glissantes
et je l’entends au loin
distingue une ombre qui grandit et rapetisse
immense, agrandie, qui danse sur les murs
et disparaît à un stop
au stop je ne m’arrête pas
ce n’est pas possible
il faut continuer
ne pas être distrait
par les vitrines éteintes
les vitrines allumées
une vitrine clignote
tout clignote ici
ma poursuite
mais ça n’est pas une poursuite
mes yeux
le froid
ses pas au loin devant moi
et même les lampadaires