Les 22 et 23 mai derniers, j’ai été invitée par la CCAS, comité d’entreprise d’EdF, à intervenir lors du festival de cinéma Visions sociales qu’elle organise. Il s’agissait pour moi de proposer une déambulation littéraire dans le centre de vacances qui accueille les festivaliers et les artistes à Mandelieu-la-Napoule, près de Cannes. Les deux festivals ont lieu en même temps, ce qui permet aux participants de Visions sociales naviguer d’une ville, d’une projection à l’autre.
En arrivant, surprise : le (...)
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Lecture déambulation
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Balade à Mandelieu
30 mai 2017, par Anne Savelli -
Court traité du paysage
30 mai 2017, par Anne SavelliPAYS, PAYSANS, PAYSAGES
« Louis, comment dis-tu : il est beau ce paysage ? Il me regarde et je comprends que je lui pose un problème difficile. Après un long silence encore, il déclare enfin : « Es brave lo païs », on dit ». Je viens de comprendre : le mot paysage n’existe pas en occitan (il n’apparaît d’ailleurs dans la langue française qu’à la fin du XVIe siècle). L’incompréhension de départ n’était pas seulement due à l’habituelle difficulté de langage, mais à l’incompréhension du concept même de (...) -
Les cartes postales
30 mai 2017, par Anne SavelliElles étaient bien trop précieuses pour se contenter de les accrocher à un mur, de chambre, de placard dans la cuisine ou comme on fait désormais avec les petits aimants sur le réfrigérateur. Les bistrots s’en glorifient, les clients en vacances restent leurs clients, ils ont toujours le coin au-dessus de la caisse avec les cartes postales envoyées par leurs fidèles. Idem à l’usine ou au bureau – mais pas chez soi. On les stockait dans des cartons à chaussures : les chaussures ne sont pas une dépense (...)
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L’inquiétude d’être au monde
30 mai 2017, par Anne SavelliJe pense au visage d’Anna Magnani dans un film de Pasolini. Nous sommes près de Rome dans des terrains vagues. La mère observe son garçon assis sur un manège. Pendant les quelques secondes où elle ne le voit pas, Ettore se lève. Il descend du manège en marche. Puis... Le manège tourne encore. Là où il était assis, il ne reste que l’effroyable vide de l’enfant disparu. Il s’est levé, il est parti, mais la mère n’en sait rien. A ce moment, les yeux de sa mère ! Son gamin a disparu, il lui a été volé. C’est ce (...)
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Sur le cinéma
30 mai 2017, par Anne SavelliJ’ai toujours distingué dans le cinéma une vertu propre au mouvement secret et à la matière des images. Il y a dans le cinéma toute une part d’imprévu et de mystère qu’on ne trouve pas dans les autres arts. Il est certain que toute image, la plus sèche, la plus banale, arrive transposée sur l’écran. Le plus petit détail, l’objet le plus insignifiant prennent un sens et une vie qui leur appartiennent en propre. Et ce, en dehors de la valeur de signification des images elles-mêmes, en dehors de la pensée (...)
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Jour de fête
30 mai 2017, par Anne SavelliLa fable, qui occupe trente secondes de Jour de fête, met en scène un facteur qui roule à vélo dans la campagne sur sa bicyclette, un faucheur qui le regarde juché sur le haut d’une pente, et une guêpe. Celle-ci, on ne la voit pas, elle n’est qu’un son intermittent, qu’un va-et-vient irrégulier de bourdonnement comme dans un bocal. Nous avons donc, dans le découpage en deux plans de la scène, d’abord le facteur filmé depuis la route qu’il parcourt, et qui tout en roulant se met à faire des moulinets (...)
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Les Pénélopes
30 mai 2017, par Anne SavelliA mi-parcours, quelques mots de la photographe Sandrine Jousseaume, invitée au festival Visions sociales à exposer plusieurs séries photographiques, dont Les Pénélopes. interview de Sandrine Jousseaume par les participants à la déambulation
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Ma fleur, mon âme (extrait des Demoiselles de Rochefort)
30 mai 2017, par Anne SavelliDelphine entre dans la galerie d’art de Guillaume Lancien.
GUILLAUME Bonjour ma fleur. DELPHINE Bonjour Guillaume. GUILLAUME Que tu es belle, mon âme. DELPHINE Quand tu dis « mon âme » c’est à mon corps que tu penses. GUILLAUME Exactement, mon cœur. Si je n’étais pas aussi amoureux de toi, je serais jaloux. Mais je t’aime, et cela me rend orgueilleux. Et envieux, parce que j’ai toujours envie de toi. DELPHINE Au fond je ne t’inspire que de très vilains sentiments. GUILLAUME Et aussi gourmand, et (...) -
Éloge de la nage
30 mai 2017, par Anne SavelliIl y a ce qui se pense dehors, et ce qui se pense dans l’eau, de même nature que l’eau des rêves et qui naturellement en découle.
Dira-t-on que l’eau est trompeuse, sirène séductrice, fatale enjôleuse ?
Cette façon qu’elle a d’annuler les duretés du monde, de dénouer les conflits, de dissoudre les hostilités, d’effacer les discordes, les âges, les noms et les renoms, de résoudre tous les problèmes en un tournemain, en quelques battements de chevilles, cette manière en une seule plongée aveugle, de (...) -
Article 353 du code pénal
30 mai 2017, par Anne SavelliIl ne faut pas m’en vouloir, j’ai dit au juge, quelquefois j’ai des images étranges qui me traversent l’esprit. Elles ne restent jamais longtemps, elles passent. Seulement, tant qu’elles sont là, mon regard se fixe et se brouille et les yeux se tournent comme vers un écran qui descendrait en moi, et alors il faut attendre. Et alors le juge attendait. Et dans ma tête, c’était comme un cadre de fer avec de angles droits qui déchiraient le temps.
Lui, le juge, il n’a jamais eu l’air gêné par ces (...)
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